jeudi 22 janvier 2009

Champs électromagnétiques: la prudence s'impose, dit Option consommateur

Article publié dans Le Devoir
Édition du jeudi 22 janvier 2009


L'innocuité des champs électromagnétiques (CEM) émanant tant des prises électriques que d'un téléphone cellulaire ou d'une borne d'accès sans fil à Internet n'étant toujours pas démontrée, Option consommateurs appelle une fois de plus le gouvernement à faire preuve de prudence face à ces ondes qui se multiplient dans les environnements modernes.


Pis, sur la base d'un test d'exposition à ces CEM piloté conjointement avec le magazine Protégez-Vous, l'organisme a appelé hier, à l'occasion d'une conférence de presse tenue à Montréal, industriels et fabricants d'équipements électriques à mieux informer à l'avenir les consommateurs sur l'intensité des champs générés par leurs produits, et ce, pour permettre des choix éclairés.

Le magazine a en effet traqué ces ondes dans 10 maisons de la grande région de Montréal. Au total, 1500 mesures ont été effectuées, tant sur les champs électriques et magnétiques d'origine électrique (60 Hertz) que sur ceux produits par les ordinateurs, les cellulaires, les téléphones sans fil ou les fours à micro-ondes et dont les fréquences s'élèvent de 0,5 Méga-Hertz à 3 Giga-Hertz. Les détails sont dévoilés dans son édition de février 2009.

Résultat: «près de 50 % des mesures dépassent les limites d'exposition dites de précaution», c'est-à-dire les limites édictées par le projet BioInitiative, du Centre de recherche et d'information indépendantes sur les rayonnements électromagnétiques (CRIIREM), a résumé hier Marie-Josée Boudreau, de Protégez-Vous. Notons que cette limite, de 0,1 microwatt par centimètre carré, est 10 000 fois inférieure à celle adoptée par le Canada.

En banlieue comme en ville, les résidences exposent généralement leurs habitants à des niveaux acceptables de CEM, indique le magazine. Les mesures réalisées se trouvent en effet dans les limites de précaution ou dans les limites dites de compromis, un peu plus élevées et adoptées entre autres par la Ville de Toronto pour encadrer ces rayonnements.

Le hic, c'est qu'il n'est pas possible d'en dire autant pour plusieurs appareils électriques utilisés au quotidien. C'est le cas par exemple des fours micro-ondes:

6 % des mesures d'exposition étaient considérées hors normes, alors que 75 % de ces même mesures se situaient entre la norme d'exposition canadienne et les limites de compromis. Par ailleurs, 71 % des ondes générées par routeur sans fil (pour accéder à Internet) étaient dans les limites de compromis, tout comme les lampes -- source de radiofréquences --, dont les trois quarts se situaient à l'intérieur de ces mêmes limites, avec une particularité toutefois: les ampoules à incandescence émettent moins de CEM que les ampoules fluocompactes, souligne Protégez-vous.

Devant ces résultats, Option Consommateurs recommande au gouvernement de prôner le principe de précaution face à ces rayonnements mais aussi de «revoir à la baisse les limites d'exposition aux émissions de radiofréquence», a expliqué hier son directeur général, Michel Arnold.

Cette mesure s'impose, selon les défenseurs des droits des consommateurs. C'est que les Québécois sont plus exposés au CEM que les autres citoyens de pays industrialisés en raison de la prédominance du chauffage électrique dans les résidences de la province, soulignent-ils.

Or, beaucoup d'inconnues persistent toujours quant aux effets délétères de ces champs sur la santé humaine. Depuis 2001, par exemple, le Centre international de recherche sur le cancer classe les champs de basse fréquence (liés à l'électricité) dans sa liste des choses «peut-être cancérigènes», aux côtés des gaz d'échappement et du puissant pesticide DDT. À l'inverse, l'Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ) estime que «le degré de risque associé aux CEM pour l'ensemble de la population, s'il est réel, s'avère faible».

Fabien Deglise

vendredi 16 janvier 2009

HAUT-DÉBIT Ils démontent les antennes wifi de leur village

Article paru le 16 janvier 2009 dans le Dauphiné Libéré.

Les antennes Wifi de la discorde ont disparu du paysage de la Haute-Ubaye. Lundi, des habitants ont décidé de démonter eux-mêmes celles installées en août dernier sur le réservoir d'eau de Maljasset, un hameau de Saint-Paul-sur-Ubaye. Les membres du collectif "Robin des Lauzes" ont chaussé leurs skis et ils ont emporté les antennes dans un traîneau sur luge. Mardi matin, ils sont allés les déposer à la mairie.
«Tout le monde était contre. Les habitants des hameaux de Maurin sont attachés à leur qualité de vie. Ils n'ont pas envie d'être pollués par des ondes nocives à cause de ces grille-pains sur pattes» explique Léa Siméoni, qui fait partie des douze habitants permanents de Maljasset. Les antennes Wifi se trouvaient à 100 mètres de chez elle. «L'Europe préconise pourtant une distance minimale de 300 mètres» affirme-t-elle.

«Un scandale sanitaire»

Créé en septembre dernier pour s'opposer aux antennes Wifi, le collectif "Robin des Lauzes" rassemble une quarantaine de personnes. Les adhérents veulent bien bénéficier du haut-débit, mais pas faire courir un risque à leur santé ni à celle de leurs enfants.
«Nous avons agi au nom du principe de précaution. Nous n'avons jamais réussi à obtenir le dossier technique des antennes. Un scandale sanitaire risque d'éclater bientôt. Dans certaines zones, les cancers du cerveau ont été multipliés par deux et le nombre de leucémies a quadruplé» avance Léa Siméoni. «À ce prix-là, on préfère encore se passer du haut débit». Sa famille se contente pour l'instant d'une connexion vingt fois plus lente que le Wifi. Son voisin a, lui, trouvé une autre solution : une connexion haut-débit bi-directionnelle par satellite, proposée par Orange. «L'installation de la parabole lui a coûté 500 € et l'abonnement mensuel est de 35 €» précise Léa Siméoni.

Une chapelle défigurée

Mardi matin, les antennes Wifi posées sur la chapelle Notre-Dame-des-Neiges à la Barge ont été démontées à leur tour, cette fois par l'installateur. Elles étaient également très contestées, entre autres pour des raisons esthétiques. Les villageois leur reprochaient de défigurer l'édifice religieux.
«Le hasard a bien fait les choses» commente Léa Siméoni. Le collectif reproche à la municipalité d'avoir voulu déplacer les antennes sur une tour en béton entre les deux hameaux. «Lors de la réunion publique du 29 septembre, le maire s'était pourtant engagé à les démonter. C'est un simple problème technique qui a fini par décourager ceux qui tentaient de passer en force» observe Léa Siméoni.
Les antennes démontées en début de semaine n'ont jamais fonctionné. «Le collectif a empêché leur mise en service» affirme Léa Siméoni. Une autre antenne était prévue au hameau de Combe-Brémont, mais elle n'a jamais été installée, à la suite de l'action du collectif "Robin des Lauzes".

Réduire la fracture numérique


Les antennes avaient été financées par la communauté de communes de la vallée de l'Ubaye (CCVU) pour réduire la fracture numérique dans les zones blanches qui ne sont pas couvertes par l'ADSL. «Le Wifi, c'était la seule solution alternative à l'époque» explique Virginie Bourdin, directrice du Pays Sud qui a conduit les études et cherché les financements pour le compte de la CCVU. «De nombreux habitants réclamaient le haut-débit. Le Wifi n'est pas puissant. Il est moins dangereux qu'un téléphone portable. C'est un peu comme la peur de la télévision dans les années 50» observe-t-elle.
«On nous prend peut-être pour des extra-terrestres ou des marginaux, mais notre combat est légitime» répond Léa Siméoni.

mardi 6 janvier 2009

Pierrefonds - La petite histoire d'une antenne de téléphone mobile

Cités Nouvelles - Article mis en ligne le 19 septembre 2008
par Marie-Hélène Verville

Depuis six mois, elle trône sur le terrain de l'église Westminster Presbyterian Church à Pierrefonds sur la rue Monk, près du boulevard Gouin. Après avoir reçu un appel d'un citoyen inquiet, Cités Nouvelles est allé la voir de plus près.
L'antenne de téléphone mobile Rogers est difficile à manquer dans le paysage: elle est immense. Est-elle dangereuse pour la santé du voisinage? Pas selon Santé Canada. Ce qui cause l'inquiétude de certains, c'est la présence de champs magnétiques. Selon le Centre international de recherche sur le cancer, relié à l'OMS, les champs magnétiques seraient «peut-être» cancérigènes.

Au pays, la construction de ce genre d'antenne est permise un peu partout sur le territoire. Dans l'arrondissement Pierrefonds-Roxboro par exemple, il existe aussi des antennes de ce genre au boulodrome, sur un terrain appartenant à l'AMT et dans un dépôt de neiges usées situé plus à l'ouest. Ces informations sont d'ailleurs publiques.
Est-ce qu'il y a eu consultation?
À l'arrondissement, on explique qu'à chaque fois qu'une antenne est posée, il y a consultation. Et dans le cas de Westminster Presbyterian Church Pierrefonds? Selon l'arrondissement, l'église située au 13140 rue Monk a fait une demande en 2001 pour installer une antenne sur son terrain, demande qui a été acceptée à la ville. Il y a donc eu changement de zonage et consultation à ce moment-là.
Depuis 2001 donc, Rogers loue cet espace à l'église. En 2007 la compagnie a voulu faire construire la fameuse antenne. La Ville, en accord avec le changement de 2001, a donc accepté. Voilà pourquoi il n'y a pas eu de consultation officielle lors de la construction il y a près de six mois.

L'église a-t-elle averti ses voisins? «Je crois que le conseil d'administration a consulté les voisins d'en arrière (une garderie) seulement», explique le pasteur de la Westminster Presbyterian Church Pierrefonds, Maurice Bergeron. «L'assentiment de la paroisse était là par contre», affirme-t-il. «Pour ce genre de projet, nous devons avoir accord des paroissiens.» Cette communauté religieuse compte une centaine de paroissiens actifs.

Selon l'entente financière signée avec la communauté religieuse, Rogers a même pavé le stationnement de la Westminster Presbyterian Church Pierrefonds et installé des égouts adaptés. Cette mesure a été exigée par Pierrefonds-Roxboro.

Et l'argent de la location? Les sous serviront à la paroisse. La pratique est courante: plusieurs églises louent un espace aux Rogers et Bell de ce monde. Souvent, l'antenne-relais est cachée. L'église Saint-Joachim de Pointe-Claire serait d'ailleurs en pourparlers avec Bell pour louer un espace dans leur clocher neuf, nous apprenait The Chronicle, il y a quelques mois. L'antenne de l'église de la rue Monk, elle, est plus difficile à cacher aux yeux du public.

Saint-Bruno s'oppose à l'installation d'un pylône

Le Journal de Saint-Bruno - 29 octobre 2008

Malgré les demandes insistantes de la compagnie Bell Mobilité, la Ville de Saint-Bruno s'oppose à l'installation d'un pylône d'antenne de télécommunication sans fil au 2300, boulevard Sir-Wilfrid-Laurier. Industrie Canada pourrait toutefois passer outre le refus des élus et en permettre la construction malgré tout.

L'entreprise a déjà fait des demandes similaires en 2002, 2004, 2005 et 2007. En 2004, un projet de règlement visant à autoriser l'installation d'une antenne de télécommunication similaire dans le même secteur avait entraîné de nombreux commentaires négatifs de la part des citoyens. En janvier 2005, 41 personnes avaient d'ailleurs signé une lettre réclamant davantage d'information, notamment les impacts sur la santé des citoyens adjacents et sur l'apparence d'une telle structure. Le projet a finalement été refusé.

Dans une résolution adoptée la semaine dernière, le conseil municipal fait valoir que l'emplacement choisi par Bell Mobilité est adjacent à un secteur résidentiel existant ainsi qu'à d'éventuelles nouvelles propriétés résidentielles et commerciales, puisque le développement résidentiel se dirige vers le 2300, boulevard Sir-Wilfrid-Laurier. Il plaide également que cette structure «viendra compromettre la mise en valeur du paysage emblématique du mont Saint-Bruno».

Selon le maire suppléant, Denis Arpin, la nouvelle structure serait d'une hauteur de 36,5 mètres (120 pieds) et serait donc la plus haute tour à Saint-Bruno. «Il y a des tours similaires sous les lignes d'Hydro-Québec. On aurait souhaité un endroit similaire pour l'implanter», a-t-il indiqué.

Ce dernier dit craindre que le gouvernement ne tienne pas compte de l'avis de la municipalité et permette à Bell Mobilité d'installer malgré tout son antenne au 2300, boulevard Sir-Wilfrid-Laurier. Pour qu'Industrie Canada intervienne dans le litige, il faudrait que l'une des parties en fasse la demande. «Sur demande d'intervention écrite provenant d'une partie autre qu'un membre du public en général à propos d'une préoccupation raisonnable et pertinente, le Ministère exigera que les parties concernées fournissent et partagent toute information reliée au litige. Le Ministère peut également recueillir ou obtenir d'autres renseignements utiles et demander aux parties de fournir une nouvelle présentation, le cas échéant. Cette information permettra au Ministère de rendre une décision finale sur la ou les questions en litige, puis d'en informer les parties ou de suggérer aux parties qu'elles recourent à un autre processus de résolution des litiges afin d'en arriver à un accord final. Si les parties ne parviennent pas à trouver une solution mutuellement acceptable, l'une ou l'autre peut demander au Ministère de trancher la question», précise-t-on sur le site internet d'Industrie Canada.

Au moment de mettre sous presse, il avait été impossible d'obtenir plus d'information de Bell Mobilité et de savoir si l'entreprise comptait se prévaloir de ce mécanisme.

Il existe actuellement trois pylônes semblables à celui qui est projeté par Bell Mobilité sur le territoire de Saint-Bruno. Un se trouve dans le parc industriel et les deux autres sont sur le mont Saint-Bruno. D'autres antennes sont aussi installées, notamment, sur les pylônes d'Hydro-Québec, dans le clocher de l'église et sur le toit du Manoir Saint-Bruno.

Chasseur d'ondes au cégep de Saint-Jérôme