vendredi 16 janvier 2009

HAUT-DÉBIT Ils démontent les antennes wifi de leur village

Article paru le 16 janvier 2009 dans le Dauphiné Libéré.

Les antennes Wifi de la discorde ont disparu du paysage de la Haute-Ubaye. Lundi, des habitants ont décidé de démonter eux-mêmes celles installées en août dernier sur le réservoir d'eau de Maljasset, un hameau de Saint-Paul-sur-Ubaye. Les membres du collectif "Robin des Lauzes" ont chaussé leurs skis et ils ont emporté les antennes dans un traîneau sur luge. Mardi matin, ils sont allés les déposer à la mairie.
«Tout le monde était contre. Les habitants des hameaux de Maurin sont attachés à leur qualité de vie. Ils n'ont pas envie d'être pollués par des ondes nocives à cause de ces grille-pains sur pattes» explique Léa Siméoni, qui fait partie des douze habitants permanents de Maljasset. Les antennes Wifi se trouvaient à 100 mètres de chez elle. «L'Europe préconise pourtant une distance minimale de 300 mètres» affirme-t-elle.

«Un scandale sanitaire»

Créé en septembre dernier pour s'opposer aux antennes Wifi, le collectif "Robin des Lauzes" rassemble une quarantaine de personnes. Les adhérents veulent bien bénéficier du haut-débit, mais pas faire courir un risque à leur santé ni à celle de leurs enfants.
«Nous avons agi au nom du principe de précaution. Nous n'avons jamais réussi à obtenir le dossier technique des antennes. Un scandale sanitaire risque d'éclater bientôt. Dans certaines zones, les cancers du cerveau ont été multipliés par deux et le nombre de leucémies a quadruplé» avance Léa Siméoni. «À ce prix-là, on préfère encore se passer du haut débit». Sa famille se contente pour l'instant d'une connexion vingt fois plus lente que le Wifi. Son voisin a, lui, trouvé une autre solution : une connexion haut-débit bi-directionnelle par satellite, proposée par Orange. «L'installation de la parabole lui a coûté 500 € et l'abonnement mensuel est de 35 €» précise Léa Siméoni.

Une chapelle défigurée

Mardi matin, les antennes Wifi posées sur la chapelle Notre-Dame-des-Neiges à la Barge ont été démontées à leur tour, cette fois par l'installateur. Elles étaient également très contestées, entre autres pour des raisons esthétiques. Les villageois leur reprochaient de défigurer l'édifice religieux.
«Le hasard a bien fait les choses» commente Léa Siméoni. Le collectif reproche à la municipalité d'avoir voulu déplacer les antennes sur une tour en béton entre les deux hameaux. «Lors de la réunion publique du 29 septembre, le maire s'était pourtant engagé à les démonter. C'est un simple problème technique qui a fini par décourager ceux qui tentaient de passer en force» observe Léa Siméoni.
Les antennes démontées en début de semaine n'ont jamais fonctionné. «Le collectif a empêché leur mise en service» affirme Léa Siméoni. Une autre antenne était prévue au hameau de Combe-Brémont, mais elle n'a jamais été installée, à la suite de l'action du collectif "Robin des Lauzes".

Réduire la fracture numérique


Les antennes avaient été financées par la communauté de communes de la vallée de l'Ubaye (CCVU) pour réduire la fracture numérique dans les zones blanches qui ne sont pas couvertes par l'ADSL. «Le Wifi, c'était la seule solution alternative à l'époque» explique Virginie Bourdin, directrice du Pays Sud qui a conduit les études et cherché les financements pour le compte de la CCVU. «De nombreux habitants réclamaient le haut-débit. Le Wifi n'est pas puissant. Il est moins dangereux qu'un téléphone portable. C'est un peu comme la peur de la télévision dans les années 50» observe-t-elle.
«On nous prend peut-être pour des extra-terrestres ou des marginaux, mais notre combat est légitime» répond Léa Siméoni.

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