jeudi 20 août 2009

Bienvenue dans le premier camping garanti « sans ondes »

Article paru dans Le Parisien, le 14 aout 2009

Assis à une table de camping face à son déjeuner, Philippe, originaire de la Côte-d’Or, a le sourire aux lèvres. « C’est mieux qu’ailleurs, c’est sûr ! » souffle-t-il, les traits encore tirés. Dans cet îlot de campagne drômoise, seul le bruit d’un TGV lancé à pleine allure rompt ponctuellement le silence.
Comme les trois autres campeurs, Philippe s’est offert des vacances… sans ondes électromagnétiques. Ce dimanche, il a donc posé sa valise dans la première « zone refuge » pour électro-hypersensibles ou EHS (lire ci-contre), ouverte il y a deux semaines et dont l’emplacement reste confidentiel. Sur place, les camping-cars au plancher habillé par de grandes plaques de métal, arborent de curieuses fenêtres recouvertes d’aluminium. « Le métal réfléchit les ondes, les EHS sont donc protégés. Les personnes les plus en détresse peuvent venir s’y réfugier », explique Serge Sargentini, de l’association Next-Up, créateur de ce camping.
Ici, inutile d’essayer d’allumer son portable. Niché dans une « zone blanche » aucun opérateur mobile ne la couvre , le camp ne reçoit encore qu’une dizaine de vacanciers dans des abris mis gracieusement à disposition, le temps qu’ils se ressourcent. « Les demandes sont croissantes, nous espérons à l’avenir ouvrir un véritable écovillage », ajoute cet ex-militaire.

Une sonde pour chacun

Arrivée deux jours plus tôt, Claudie, la cinquantaine, sort enfin de sa voiture-lit protégée par une carrosserie, où elle passait jusque-là le plus clair de son temps. Les joues creusées « par le shoot d’ondes » qu’elle a essuyé « en allant faire ses courses », elle prend du repos. « J’ai cru que je devenais agoraphobe jusqu’à ce que je constate que mes nausées et mes vertiges coïncidaient toujours avec un portable en marche à quelques mètres de moi », raconte-t-elle.
Au camping, chacun est muni d’une petite sonde isotropique qui mesure le voltage de l’air ambiant à la première suspicion d’ondes dans les parages. A ceux qui seraient tentés de sourire, tous opposent leurs histoires de souffrances tant physiques que psychologiques, dues à la multiplication des appareils électriques. « J’ai réussi à force de persuasion à faire éteindre la wi-fi de mes voisins », explique Philippe. « Bien sûr que je l’ai pris pour un fou, glisse Véronique, sa compagne qui se définit comme normale. Maintenant, je le crois, car il souffre vraiment. » Ancienne chargée de communication à l’Urssaf, Anne est elle aussi venue chercher un peu de quiétude dans ce campement sans ondes, mais appréhende son retour en Vendée, où elle vit avec sa fille de 13 ans : « J’ai peur que les douleurs soient plus violentes encore », glisse-t-elle, inquiète.

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