jeudi 27 novembre 2008

Antenne relais : un scandale sanitaire en sommeil ?

Ile de la Réunion
CLICANOO.COM | Publié le 27 novembre 2008

En métropole, une décision de justice vient peut-être de lever le voile sur un futur scandale sanitaire. En imposant à Bouygues Telecom, le démontage d’une de ses antennes relais, le tribunal a donné un écho à la population. À la Réunion aussi, les craintifs de ces champs électromagnétiques sont montés au front, sans succès. Et pourtant, des médecins se mouillent et attestent de la nocivité des piliers.

Le temps où les ondes pouvaient se propager à outrance, en toute tranquillité, paraît révolu. La métropole a montré la voie, les consommateurs d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’hier. Ces deux dernières années, la Réunion a vu tourner quelques pétitions, réclamant avec fermeté la disparition d’antennes relais. La population craint le pire sur l’impact sanitaire de ces champs électromagnétiques. Durant ces quelques épisodes, deux acteurs prédominent : la population et l’opérateur. Pour une seule conclusion : l’impression persistante pour la première de ne pas avoir son mot à dire, subir. On peut citer les péripéties d’un habitant de Bois de Nèfles Sainte-Clotilde qui a voulu conserver l’anonymat, ou encore l’histoire des riverains de la Chaloupe Saint-Leu. L’indésirable antenne les nargue toujours, malgré leurs agitations répétées et aujourd’hui estompées par la lassitude. Retour fin 2006, à Sainte-Clotilde. Une antenne relais apparaît à une quinzaine de mètres de l’habitation de Francis(*), pas loin d’une école. Les habitants s’inquiètent de la pose inopinée de cet intrus. Non consultés par l’opérateur, ils s’interrogent. Et réagissent en rédigeant des courriers à tout va : mairie, préfecture, Agence nationale des fréquences (ANFR) et la société en question.


Insomnie, stress...


“Nous avons ensuite recueilli 250 signatures. Nous réclamions l’enlèvement de cette antenne, étant donné les risques pour l’école élémentaire d’à côté”. Ils obtiennent alors la promesse d’une délocalisation. “Il ne s’est jamais rien passé, nous n’avons plus réussi à joindre le monsieur de l’entreprise en question”. À force de sollicitations, les riverains parviennent à organiser une rencontre avec la préfecture, elle se solde par ce bilan : un laconique “pas de preuve de nocivité”. Une équipe s’est ensuite rendue sur place pour une série de mesures. “Ils sont partis en nous promettant de nous envoyer un rapport”. Ils l’attendent toujours. Pour l’heure, Francis continue de prôner le fameux principe de précaution. Et plus que jamais. “On habite ici depuis 30 ans, ma femme a des soucis de santé depuis trois ans”. Une période qui coïncide étrangement avec l’installation de l’antenne relais. “Son médecin (dont il a voulu taire le nom, ndlr) a constaté chez elle, une dose d’électromagnétisme trop élevée”. Conséquence : des difficultés pour dormir et des “douleurs pas possibles”. À ce stade-là, peut-on encore parler de nocivité non prouvée ? “Pour le médecin, le lien entre l’antenne et ces symptômes ne fait pas de doute”. Il a même délivré à sa patiente un certificat médical, pour l’aider dans ses démarches éventuelles contre l’opérateur. Un document qui stipule : “(...) Ma patiente se plaint de différents maux, insomnie et stress, qui peuvent être imputés à la situation trop proche d’un champ électromagnétique de type antenne-relais de téléphone mobile”. Dans de tels cas, on peut concevoir le sentiment d’exaspération de ces habitants. Et pourtant, les prestataires en question restent sourds à cet enjeu sanitaire. Tandis que les politiques prennent peu à peu connaissance du sujet

(*) nom d’emprunt

Dossier réalisé par Damien Frasson-Botton

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