vendredi 8 mai 2009

Antennes-relais : une école fermée par le maire

Publié le 06/05/2009 09:49 | LaDepeche.fr

Antennes-relais : une école fermée par le maire

Environnement. Le maire de Château-Thierry applique le « principe de précaution».


Alors que s'ouvre aujourd'hui à Paris le Grenelle des ondes ( voir ci-dessous), le maire PRG de Château-Thierry dans l'Aisne, Jacques Krabal, jette un nouveau pavé dans le dossier déjà très polémique des antennes-relais, en posant très concrètement le problème de santé publique.

Il a pris lundi un arrêté de fermeture temporaire d'une école maternelle et primaire de la ville parce qu'elle est située à proximité d'un pylône de téléphonie mobile Orange. Une décision au nom du « principe de précaution». L'opérateur avait pourtant bien obtenu de la municipalité l'autorisation d'exploitation « à une distance de 98 mètres par rapport à l'école»; Mais en réalité, le pylône a été planté à 68 mètres, dénonce M. Krabal qui précise que les négociations pour faire déplacer l'antenne ou cesser son exploitation s'étaient avérées vaines.

Évoquant le «principe de précaution inscrit dans la constitution» et une «recommandation européenne (qui) prévoit qu'à moins de 100 m d'une antenne-relais, il ne peut pas y avoir une école ou une crèche», M. Krabal a pris la décision de fermer temporairement l'école, dont les 180 élèves ont été répartis dans les autres écoles de la ville.

«Il faut parfois savoir taper sur la table pour se faire entendre», a estimé M. Krabal, qui affirme ne pas être «technophobe».

«On est assez surpris de la décision du maire», a de son côté déclaré un porte-parole d'Orange, soulignant qu'il n'existait «aucune réglementation nationale ou européenne évoquant une obligation de distance minimale» entre une antenne-relais et une école et évoquant les obligations légales de couverture des opérateurs. «Nous regrettons la dramatisation de cet événement, d'autant plus qu'il y a des discussions au niveau national pour éclairer le débat» autour des antennes-relais, a-t-il ajouté, rappelant que, selon une étude de l'OMS, il «n'existe aucun élément scientifique sur les effets nocifs» de telles antennes.

l'association «Pour une réglementation des implantations d'antennes-relais de téléphonie mobile», a elle, estimé qu'Orange devait « absolument se remettre à la table de négociation afin qu'une solution favorable à tous puisse être trouvée en urgence pour que l'école reprenne au plus vite ».
Concilier santé et service public

Lancé le 23 avril sous l'égide de la ministre de la Santé Roselyne Bachelot, le Grenelle des ondes - dont la première réunion se tient aujourd'hui sur les antennes-relais - vise à identifier les mesures à prendre pour répondre aux inquiétudes de la population sur l'impact des ondes sur la santé. Une question qui divise les experts. Les cas de particuliers se plaignant de maux de tête, de vertiges et de vomissements et accusant l'antenne placée à proximité de leur logement se multiplient. L'association santé environnement France (Asef), qui représente plus de 1 000 médecins, explique que certaines personnes peuvent être plus fragiles aux effets des champs électromagnétiques, tels les électrosensibles, les travailleurs exposés à des ondes permanentes, les enfants ou les femmes enceintes... Dans le doute, les riverains sont de plus en plus nombreux à faire bloc contre les antennes, et à trois reprises depuis février, les tribunaux ont obligé Bouygues Télécoms, SFR et Orange à démonter leurs antennes ou à renoncer à leur installation.

L'Association française des opérateurs mobiles (Afom) estime, elle, que l'inquiétude «n'a pas de fondement scientifique». Elle rappelle que l'Etat impose aux opérateurs de téléphonie mobile de couvrir la quasi-totalité du territoire. «Nous ne pouvons pas être dans l'obligation à la fois d'installer des antennes-relais et de les démonter», commente son délégué général, Jean-Marie Danjou. De son côté, l'ex-magistrate Eva Joly, candidate aux Européennes, en Ile-de-France sur la liste Europe-Ecologie dénonce «la proximité»des opérateurs de téléphonie mobile avec le pouvoir, en soulignant les rapports entre Nicolas sarkozy et Martin Bouygues...

Rappelons enfin que la possibilité de suspendre l'implantation de nouvelles antennes avait été envisagée par Chantal Jouanno, secrétaire d'Etat à l'Ecologie, lors du lancement du Grenelle des onde, en attendant les résultats de l'étude en cours de réalisation par l'Afsset (Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail) sur l'impact des antennes et des téléphones portables.

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